La projection à la presse du film Fadhma N’Soumer, du réalisateur Belkacem Hadjadj, a eu lieu hier à la salle Ibn Zeydoun, à Riadh El Fath.

Une fiction historique, qui met à l’honneur une figure mythique de la résistance Algérienne. La Jeanne d’Arc du Djurdjura, Lala Fadhma N’Soumer.

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Un travail inédit, qui a nécessité quatre  années, entre recherche, écriture, tournage et montage. Le peu de sources écrites sur Lala Fadhma N’Soumer a rendu le travail d’écriture difficile.

Il aura fallut un an et demi de travail pour finaliser le scénario co-écrit par Belkacem Hadjaj et Marcel Beaulieu avec la collaboration de deux historiens algériens.

Ce film s’attaque à un pan de l’histoire qui jusque là n’avait pas encore été porté sur grand écran.  L’action se déroule de 1849 à 1857, dans une Kabylie qui résiste à l’envahisseur. L’armée française fait des incursions sans parvenir à pénétrer ce bastion de la rébellion. C’est dans cet environnement que grandit et évolue Fadhma N’soumer, issue d’une grande famille lettrée liée à la confrérie des Rahmania.

Elle est marié à un cousin, mais se refuse à lui. conformément à la coutume, elle est mise à l’isolement. Un isolement qui durera des années. Sorte d’ermite, elle passe son temps à prier et à méditer. On lui attribuera des pouvoirs de guérisseuse et son aura s’étendra au-delà des montagnes du Djurdjura.

Elle deviendra « Lala » Fadhma N’Soumer.

Les dialogues du film sont en Kabyle, sous-titrés en français et en arabe. Un choix courageux et cohérent du réalisateur.

Coté casting on retrouve dans les rôles principaux :

Laëticia Eïdo (Fadhma) actrice française d’origine libanaise (qui a joué dans la série d’HBO, Strike Back et dans un documentaire historique le destin de Rome. Plus récemment elle a tourné dans le film israélien Dancing Arabs)

Assad Bouab, dans le rôle de Boubaghla, acteur marocain (vu dans le film Ma-Rock et plus récemment dans indigènes)

Ali Amrane qui interprète le rôle d’Anzar, Melha Mameri (Ninouche) et Ahcène Kherabi (Rabah).

lors de la Conférence de presse, le réalisateur Belkacem Hadjadj s’est expliqué sur le choix de l’actrice française Laëticia Eïdo, qui a du apprendre à parler kabyle pour les besoins du film.

Belkacem Hadjaj a expliqué que le casting s’est déroulé en Algérie, pendant 6 mois, le réalisateur l’a ensuite étendu au Maroc et à la Tunisie, puis à la France où il a passé des auditions à des actrices qui parlent kabyle. Mais aucune ne l’a convaincu, jusqu’au jour où Laëticia Eïdo s’est présentée.

L’actrice a dû apprendre la langue, par le biais d’enregistrements et de transcriptions en phonétique, aidée dans sa tâche par le poète Mohamed Benhamadouche, qui a écrit les dialogues amazigh du film. (c’est à ce grand Monsieur que l’on doit d’ailleurs les paroles de la chanson avava inouva)

Fadhma N’Soumer, un personnage mythique dont on ne sait pas grand chose.

L’influence de cette femme sur la résistance des villages kabyles face à l’envahisseur français, à la fin du 19e siècle a été très importante, sa légende a traversé les siècles et ce malgré l’absence de sources écrites.

Un défi, auquel le réalisateur Belkacem Hadjaj et son équipe ont dû faire face lors de l’écriture du scénario. La seule source écrite est un rapport de l’armée française sur la bataille de Sebaou.  

« on n’avait que la légende, et il ne fallait pas tomber dans le faux et le ridicule »

Prédominance du personnage de Cherif Boubaghla

Sur les 96 minutes que dure le film, près  de la moitié est consacrée à Cherif Boubaghla, autre héros de la résistance kabyle de la fin du 19e siècle. Le parcours de cet homme, vaillant combattant venu d’ailleurs, devenu chef de la résistance de plusieurs tribus kabyle est largement développé dans le film. Donnant parfois l’impression de faire passer le personnage de Fadhma au second plan du moins, durant la première moitié du film.

Le réalisateur explique ce choix par l’essence même du personnage de Fadhma N’Soumer.

Lala Fadhma à qui l’on prête des pouvoirs de guérisseuse, est dans la retenue, la méditation. Elle vit recluse la plupart du temps. A l’inverse, Boubaghla est flamboyant, il est dans l’action et l’exubérance.

Interrogé à ce sujet, Belkacem Hadjaj explique :

« On a eu beaucoup de problèmes pour rétablir cet équilibre entre (ces deux personnages) et cette difficulté nous a accompagné jusqu’au montage ».

« boubaghla est un personnage de cinéma, d’action, il bouge, il frappe. Fadhma est dans la méditation, dans le spirituel (…) Elle n’était pas une femme d’action »

Fadhma N’Soumer et Boubaghla se croisent au fil du récit, ils s’aiment (?)  elle l’obsède, il veut l’épouser mais les coutumes l’en empêchent (tahamamt). L’ascendant moral et l’influence de Fadhma sur l’homme d’action sont parfaitement mises en lumière.

La barbarie du colonisateur et la violence de l’invasion interpellent et happent le spectateur, tout cela dans des décors superbes  et des paysages à couper le souffle.

Coup de cœur pour le personnage d’Anzar, (connu dans la tradition kabyle) superbement interprété par Ali Amrane. Sorte de barde mystique, fil conducteur du récit, tantôt prophète et parfois oracle, il apporte à la fois de la légèreté au récit historique mais aussi de la force aux événements au travers des poèmes qu’il déclame.

La puissance des mots choisis dans les poèmes rappelle la force et l’importance de l’oralité dans la transmission de l’Histoire dans nos  traditions Berbères.

Le film est brillamment rythmé par la musique signée Saffy Boutella, sur les thèmes du courage, de la foi, des héros et de la défense d’un territoire.

Le film Fadhma N’soumer a été produit dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, coproduit par l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel  (AARC), le Centre National d’Etudes et de Recherches sur le Mouvement National et la Révolution du 1er Novembre ainsi que Machahou production.  

En ce qui concerne la sortie du film dans les salles de cinéma, pas de date précise, peut-être en Septembre. On ne manquera pas de vous en informer.

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